Définitions de la radicalisation

Par la suite nous allons présenter des concepts, écoles de pensées, termes philosophiques, politiques et religieux parmi d’autres. Comme nous travaillons quotidiennement avec ces concepts, il nous est important d’afficher « nos définitions ». Cela étant dit, nous sommes pleinement conscients qu’il s’agit d’une liste non-exhaustive qui est en voie de complétion continuelle et les termes présentés sont chargées : de complexités, de subjectivités, d’émotions, de passions, d’interprétations diverses et changeantes au cours de l’histoire.

Les collaborateurs de respect.lu se tiennent à votre disposition pour discuter des termes relevés. Attentifs à la fluidité des définitions, ils sont ouverts à vos suggestions, propositions, critiques et de manière générale au débat avec vous.

Radicalisme, du latin radix (racine)

 

En ce qui concerne la notion de radicalisme, il y a un grand désaccord. Par exemple, la radicalisation est décrite comme ce qui se passe avant un attentat (Janis Jost). Mais selon notre impression, cela met le radicalisme sous un jour faux et partial. Car nous devons supposer que la grande majorité des gens qui pensent de façon radicale ou qui poursuivent des idées radicales ne commettent pas d’actes de violence. Cela donne aussi au concept même de radicalité une connotation négative et unilatérale qui ne lui rend pas justice. Sans idées radicales, le développement humain, tel qu’il a eu lieu, n’aurait pas été possible. Des exemples dans le domaine technique, seraient l’invention de l’imprimerie ou de la machine à vapeur, dans le domaine religieux, le développement du monothéisme ou de la Réforme protestante, et dans le domaine politique, la réalisation de la démocratie ou du suffrage des femmes. Dans leur temps tous ces développements avaient été considérés comme radicaux, voire subversifs, du moins temporairement – et continuent parfois à l’être dans d’autres pays, alors qu’au Luxembourg ils sont devenus « normaux ».

Le seul point sur lequel il semble y avoir un accord, est que la radicalisation est un processus. La radicalisation ne se produit pas soudainement, mais prend son point de départ dans des situations qui déclenchent l’insatisfaction et donc un désir (subjectif) de changement.

En fin de compte, le développement d’idées radicales consiste d’abord et avant tout à examiner en profondeur un système (quel qu’il soit) et à rechercher un changement fondamental du status quo. A cette fin, des alternatives, des solutions et des objectifs clairement différents de ceux qui ont prévalu jusqu’à présent dans le système sont développés. L’idée sous-jacente est de s’attaquer aux problèmes « à la racine » et non seulement à la surface, au symptôme. La radicalité se définit par une idée fondamentale, globale et radicale du changement.

La première étape, qui en général ne pose pas de problème, est la formation d’une opinion, -dans le meilleur des cas- encore différenciée, nuancée et fondée sur des faits. Au cours du processus de radicalisation, cependant, les convictions s’enracinent progressivement et la différenciation et l’argumentation sont de moins en moins accessibles. Ce faisant, il devient de plus en plus important pour la personne en question d’avoir raison et de conserver sa propre vision – qui a acquis une fonction de soutien identitaire – afin de conserver sa propre volonté.

Objectif : Faire bouger la société

Dès lors que la formation de l’opinion est suivie d’une action pratique, le terme d’activisme est justifié. Les militants sont des personnes qui défendent activement leurs idées, leurs conceptions. Il s’agit par exemple : de diffuser ces dernières, d’essayer de convaincre d’autres personnes, de déposer une pétition, de lancer une action publique, de manifester, de faire la grève ou encore de fonder une association, une initiative citoyenne ou un parti politique. Tant que le cadre juridique n’est pas délaissé, on est dans une zone qui est légale, en général sans danger et essentielle pour la diversité des opinions et la liberté démocratique. Et ceci malgré le fait que l’idée, l’action, le but ou l’initiateur soient radicaux et ne plaisent à personne.

L’activisme peut porter à la fois sur des problématiques ponctuelles, par exemple en faveur ou contre un projet de construction dans une commune ou sur des questions plus fondamentales et structurelles de la société, comme le changement climatique. Une personne peut ainsi devenir active individuellement ou en tant que membre d’un groupe. En principe, l’activisme est une forme importante de participation politique à tous les niveaux, pour autant qu’elle s’inscrive dans le cadre juridique.

Les approches dites légalistes, qui se disent opérer sans violence dans le cadre légal, ont par nature un caractère limite. Elles visent généralement l’abolition de l’ordre démocratique libéral et sa substitution par leurs structures – le plus souvent autoritaires, de type oligarchique et/ou dictatorial.

Ce n’est que lorsque le cadre légal est outrepassé que nous parlons d’extrémisme.

Objectif : Changer fondamentalement le fonctionnement de la société

Extrémisme (de extremus, le superlatif de « extérieur » (exterus), que l’on peut traduire par « l’extrême »)

 

A l’origine, l’extrémisme est un concept utilisé par les autorités publiques englobant toutes les positions et actions dirigées contre les conditions minimales d’une démocratie constitutionnelle. Il est basé sur l’idée, que les forces modérées se situent au centre du spectre politique majoritaire. En revanche, les extrémistes se situant sur les franges du spectre politique, sont (probablement) minoritaires avec leurs objectifs qui sont dirigés contre la structure existante.

L’extrémisme politique rejette la démocratie constitutionnelle, la pluralité des intérêts, le système de multipartisme et le droit à l’opposition. Il faut présumer que, par sa volonté d’éliminer l’ordre politique actuel, il constitue une menace active pour ce dernier.

L’extrémisme se caractérise par des stéréotypes « amis-ennemis », par un niveau élevé de dogmatisme idéologique, par un prosélytisme actif et il se croit généralement détenir les vérités absolues. Au moins vis-à-vis de l’extérieur, les extrémistes sont soucieux du bienêtre de toutes les personnes (de même sensibilité) et justifient ainsi leurs actions contre ceux qui pensent différemment ou qui ont des intérêts divergents. Les extrémistes supposent que leurs opposants utilisent la manipulation illégitime ou même la conspiration.

Les formes d’extrémisme sont multiples et peuvent être distinguées autant par le type de moyens utilisés que par les objectifs poursuivis. Parmi les personnes extrémistes, il existe des groupements qui adoptent une approche strictement légaliste, c’est-à-dire que leurs actions restent dans le cadre légal, tandis que d’autres utilisent la violence de façon systématique (cf. terrorisme).

En termes d’objectifs politiques, on distingue avant tout l’extrémisme de gauche et l’extrémisme de droite.

 

  • L’extrémisme de gauche suppose généralement que tous les maux du « système » trouvent leurs origines dans la structure de la société de classe de type capitaliste et leurs alternatives seraient le communisme ou l’anarchisme.

 

  • L’extrémisme de droite est généralement conçu comme un nationalisme associé au racisme, qui rejette le principe de l’égalité entre les êtres humains. Le but est de constituer une communauté bien organisée et homogène s’élevant au-dessus des « autres » qui sont considérés comme inférieurs.

 

  • Le fondamentalisme religieux aspirant à instaurer une théocratie est considéré comme une forme distincte d’extrémisme.

Même si les différents extrémismes s’opposent farouchement entre eux, ils semblent cependant avoir besoin les uns des autres.  En effet, chaque personne en désaccord idéologique est assignée au schéma « ennemi » et représente donc l’extrême opposé.

Objectif : Éliminer le système

Le terme « terrorisme » prend son origine dans « la terreur » qui a fait rage lors de la révolution française. Des exécutions de masse des opposants au pouvoir révolutionnaire ont eu lieu. La terreur est symbolisée à ce jour par la guillotine.

A l’origine donc c’était l’Etat qui terrorisait ceux qui pensaient différemment. Dans certains cas, un Etat peut terroriser (certains de) ses citoyens ou un autre pays et ainsi exercer la terreur d’Etat : la terreur Hitlerienne, Stalinienne, etc.

 

De nos jours, le terme « terrorisme » est employé pour désigner la violence dirigée contre l’Etat.

Le terrorisme désigne la violence criminelle contre des personnes ou des biens dans le but d’atteindre un objectif politique, religieux ou idéologique. C’est la pratique et la propagation de la terreur. Il sert de mécanisme de pression et vise à répandre l’insécurité et l’angoisse généralisée chez les uns, respectivement à susciter la sympathie et le soutien chez les autres. Les terroristes cherchent d’abord à attirer l’attention et à être reconnus en répandant la frayeur par la violence.

Les différentes définitions juridiques du terme, que ce soit en droit pénal national ou en droit international, sont souvent controversées pour les raisons suivantes : il est difficile de différencier entre le terrorisme, la résistance politique ou l’activisme. La distinction entre « résistant » et « terroriste » est idéologiquement définie et donc souvent controversée. Un « combattant héroïque de la liberté » pour l’un est un « terroriste » pour l’autre.

Richard R. Baxter, ancien juge à la Cour internationale de Justice, a fait la déclaration suivante :

« Nous avons des raisons de regretter qu’un concept juridique de terrorisme nous ait été imposé. Le terme est imprécis, il est ambigu et surtout, il ne sert aucun objectif juridique essentiel ».